300 km à vélo : Genève à Zurich

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Il y a des voyages qu’on prépare avec une carte, et d’autres avec le cœur.

Le mien, c’était un peu des deux.

Trois cents kilomètres à vélo, de Genève à Zurich, en deux jours et demi.

Un itinéraire tracé à la fois sur un GPS… et dans ma tête.

Pour relier deux lieux et deux périodes de ma vie.


Pourquoi ce voyage ?

En début d’année, ma vie a changé.

Après plus de trois ans passés en Suisse alémanique, principalement en Argovie, je suis revenu à Genève. Un retour qui s’est effectué seul après plusieurs années vécue à deux.


Cette histoire m’a profondément marqué. Sa fin m’a laissé à la fois déstabilisé et en quête de sens.

Depuis mon retour, mon quotidien a radicalement changé. Mais quelque chose restait suspendu : cette impression d’avoir laissé une partie de moi là-bas.

Ce voyage à vélo, c’était ma façon de rouvrir cette porte, non pas pour revenir en arrière, mais pour réconcilier deux “moi” :

  • celui qui avait construit une vie en Suisse alémanique, et celui qui réapprenait à vivre ici, en Romandie.

Et puis, il y avait le défi sportif.

Je suis devenu mordu de vélo grâce aux encouragements de quelqu’un que je considère aujourd’hui comme un mentor.

L’idée de parcourir 300 km, de relier ces deux villes uniquement par la force des jambes, me parlait autant pour le corps que pour l’esprit.


Mettre le pied à la pédale

Le matin du départ, l’air avait ce parfum particulier des jours importants : un mélange d’excitation, de doute et d’envie de se jeter dans l’inconnu.

Je savais que chaque coup de pédale m’éloignerait de Genève, mais qu’il me rapprocherait, symboliquement, de moi-même.

Le vélo était prêt, l’itinéraire Komoot aussi, et dans mon sac (oui, un sac à dos, pas des sacoches, on y reviendra), juste l’essentiel.

Pas pour aller plus vite, mais pour laisser de la place : aux rencontres, aux paysages, et aux pensées qui viendraient s’inviter sur la route.



Jour 1 : Genève → Barberêche


Les premiers kilomètres longent le Léman, encore calme à cette heure matinale.

Les reflets de l’eau, le silence des petites routes, les vignobles qui s’éveillent… tout donne envie d’avancer.

La route ondule doucement : parfois elle me pousse à forcer, parfois elle m’offre un répit.

Je traverse des villages où l’odeur du pain chaud me tente presque à chaque coin de rue.

Le ciel reste clément, juste assez couvert pour éviter la chaleur écrasante.

En fin d’après-midi, j’arrive à Barberêche, au bord du lac de Schiffenen.

Mon Airbnb est simple mais paisible, avec une vue qui semble suspendre le temps.

Je mange, je m’étire et je m’endors pour plus de dix heures d’un sommeil ultra-réparateur.

Jour 2 : Barberêche → Hünenberg (via Berne)

Au réveil, les jambes sont un peu lourdes, mais l’envie est intacte.

Cette journée sera la plus longue, je le sais.

Avant de reprendre la route, je fais un détour par Berne, ma petite parenthèse urbaine au milieu du voyage.

La capitale a ce charme particulier : majestueuse et tranquille à la fois.

Je m’installe en terrasse, juste en face du Palais fédéral, pour un petit-déjeuner royal :

œufs brouillés, jambon, fromages, confitures, croissants, jus d’orange frais et café fumant.

Le genre de repas qui te fait oublier, le temps d’un instant, que tu es censé être “en route”.

Rassasié, je reprends la route vers Lucerne.

Les panneaux passent en allemand, les paysages deviennent plus vallonnés, et l’air sent déjà la Suisse centrale.

En fin d’après-midi, alors que j’approche de ma destination, je traverse la région de l’Entlebuch.

Là, au détour d’une petite route, je tombe sur un banc orienté plein sud, face à un panorama d’une beauté folle : collines vertes, montagnes au loin, ciel d’un bleu pur.

Je m’assois, je pose le vélo.

Pendant quelques minutes, le temps s’arrête.

Je contemple notre beau pays et je fais le point : sur mon voyage, sur ma vie, sur ce que j’ai quitté et ce que je veux construire.

Quand je repars, je me sens étrangement plus léger.

Les derniers kilomètres jusqu’à Hünenberg se font presque en flottant.

Mon Airbnb donne sur le Zugersee, baigné d’une lumière dorée.

Le décor parfait pour clore cette journée riche en images… et en émotions.


Jour 3 : Hünenberg → Zurich


Dernier tronçon : moins de kilomètres, mais une symbolique immense.

Les pistes cyclables m’emmènent vers Zurich par des routes que je connais par cœur.

Ce n’était pas prévu, mais à un moment je me retrouve à moins de dix kilomètres de l’endroit où je vivais autrefois.

Immédiatement, les souvenirs affluent.

Je reconnais chaque route, chaque virage.

C’est sur l’une d’elles que j’avais vraiment appris à faire du vélo de route sérieusement : à enchaîner les sorties, à trouver mon rythme.

C’est étrange d’y revenir, cette fois en visiteur, avec un regard neuf.

En entrant dans Zurich, je ressens un mélange de nostalgie et d’accomplissement.

Pas de ligne d’arrivée, pas de public : juste moi, mon vélo, et la certitude que quelque chose en moi s’est refermé…

Ou plutôt, s’est recousu.


Ce que j’en retiens

Ce voyage a changé ma perception de la distance.

Trois cents kilomètres à vélo, en deux jours et demi : ce n’est pas réservé aux athlètes ou aux ultra-cyclistes.

C’est accessible à quiconque en a l’envie et le mental.

Cette découverte m’a ouvert les yeux : bien souvent, la vraie limite n’est pas physique, mais mentale.

Ces trois jours m’ont fait un bien fou.

Être seul, avec juste mon vélo, mes pensées et la route, m’a permis de faire le point sur beaucoup de choses : mon passé, mes choix, mes envies pour l’avenir.

C’était un vrai reset mental.

Et puis… le vélo, c’est la vie.

Rien d’autre ne combine aussi bien la liberté, l’effort, la découverte et cette sensation unique d’avancer par soi-même.

Si c’était à refaire

Je changerais deux choses :

  • Voyager avec des sacoches plutôt qu’un sac à dos (mon dos s’en souviennent encore).
  • Ajouter une gourde supplémentaire, pour éviter les longues portions sans ravitaillement.

Mon équipement

  • Vélo : Triban RC500 (2020)
  • GPS vélo : Hammerhead Karoo 2
  • Capteurs : Magene (cardio, cadence, vitesse)
  • Montre : Garmin Fenix 7X Solar

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